Près d’une décennie après l’émergence des Allied Democratic Forces (ADF) dans la région de Beni, au Nord-Kivu, les populations continuent de subir les affres de ce groupe terroriste. Malgré les multiples opérations militaires menées par les forces de l’ordre, le bilan reste décevant et les violences persistent.
Le média en ligne Tazamardc.net s’est penché sur les causes profondes de cette situation qui plonge la région dans un cycle infernal de tueries.
Manque de contrôle et d’évaluation des opérations militaires
Contacter par Tazama.net un média du Nord-Kivu, Benjamin Asimoni, responsable de l’organisation « Jeunes Patriotes Consolidateurs de la Paix », précise que, l’absence de suivi et de contrôle des opérations militaires est l’un des facteurs clés de la persistance des massacres.
On peut faire une année sans qu’il n’ait une mission de contrôle ou d’évaluation des troupes sur le terrain
déplore-t-il.
Cette situation laisse libre cours aux dérives et à la corruption, certains officiers détournant leur mission pour s’adonner à l’exploitation illégale des ressources naturelles, en collaboration avec les rebelles.
Politisation des tueries et manipulation des communautés
La politisation des tueries par les acteurs politiques constitue un autre obstacle à la résolution du conflit. La recherche de gains politiques et de leadership démesuré détourne les efforts de la recherche de solutions durables.
Ils cherchent à booster leur degré d’influence vis à vis des autorités, au lieu de travailler sur la mobilisation de la communauté locale sur la collaboration avec l’armée
explique Benjamin Asimoni.
Cette manipulation des communautés les rend vulnérables aux attaques des ADF et entrave la lutte contre le terrorisme.
Détournement des moyens et main-d’œuvre militaire
Maître Pépin Kavotha, Président de la société civile de Beni, met en lumière un autre facteur aggravant : le détournement des moyens affectés aux opérations militaires.
Plusieurs sont dans l’affairisme
, dénonce-t-il.
Les militaires déployés pour la sécurité de la population sont mis en contribution pour sécuriser ces biens destinés à une vente.
Cette utilisation abusive des ressources et de la main-d’œuvre militaire affaiblit les efforts de lutte contre les ADF et expose davantage les populations civiles.
Hospitalité de la RDC et absence d’autorité de l’État
Maître Fabrice Mulwahali, avocat, pointe du doigt l’hospitalité de la RDC et l’absence d’autorité de l’État comme facteurs contributifs à l’insécurité à Beni. L’accueil des rebelles ADF sur le sol congolais après leur défaite en Ouganda s’est avéré une erreur fatale.
Le Congo est donc d’une part victime de son hospitalité
affirme-t-il.
L’absence d’un système de défense adéquat et d’un plan de défense permanent a également fragilisé le pays face aux menaces internes. La situation à Beni met en lumière les failles profondes du système sécuritaire congolais.
L’absence de contrôle, la corruption, la politisation des tueries et le détournement des ressources constituent des obstacles majeurs à la résolution du conflit. Pour mettre fin à ce cycle de violence, il est impératif de s’attaquer à ces causes profondes et d’instaurer une gouvernance responsable et transparente. La communauté internationale a également un rôle crucial à jouer en soutenant les efforts du gouvernement congolais et en faisant pression pour une résolution pacifique du conflit.
Rédaction