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La tentative d’évasion à la prison centrale de Makala, survenue dans la nuit du dimanche 1 er à lundi 2 septembre 2024, a entraîné un bilan humain extrêmement lourd. Le vice-premier ministre de l’Intérieur a annoncé, dans la soirée, que 129 personnes avaient perdu la vie.

Parmi les décès, 24 sont dus à des tirs de sommation, tandis que les autres ont succombé lors de la bousculade ou par étouffement. Cinquante-neuf (59) blessés sont actuellement pris en charge dans des établissements hospitaliers aux frais de l’État.

Ce bilan officiel vient contredire les premières estimations du porte-parole du gouvernement, qui évoquait seulement deux morts. Cette révision à la hausse témoigne de l’ampleur du drame qui s’est déroulé au sein de l’établissement pénitentiaire.

Une situation explosive prédite

Un système pénitentiaire sous tension, cette nouvelle émeute met en évidence les conditions de détention déplorables qui prévalent à la prison de Makala. Surpeuplée et vétuste, cette maison d’arrêt est régulièrement le théâtre de mutineries et d’évasions.

Les détenus dénoncent notamment le manque de nourriture, d’eau potable et de soins médicaux. Il y a quelques mois, le journaliste Stanis Bujakera avait déjà tiré la sonnette d’alarme sur les conditions de détention déplorables à Makala, à travers des vidéos choc diffusées sur les réseaux sociaux. Ces images avaient mis en lumière la surpopulation carcérale, l’insalubrité et les risques d’émeutes.

En réponse à ces révélations, le gouvernement avait procédé à la libération de plus de 2000 prisonniers. Cependant, ces mesures n’ont pas suffi à désamorcer la bombe à retardement que constituait Makala.

Les organisations de la société civile estiment que cette situation est le résultat d’un sous-investissement chronique dans le système pénitentiaire congolais. Elles réclament des réformes en profondeur pour améliorer les conditions de vie des détenus et prévenir de nouvelles émeutes.

Une prison surpeuplée

Construite en 1957 pour accueillir 1500 détenus, la prison de Makala en compte aujourd’hui plus de 15 000. Cette surpopulation chronique a des conséquences désastreuses sur les conditions de vie des prisonniers et favorise les tensions.

Les questions restent en suspens

Cette tragédie soulève de nombreuses questions sur les responsabilités de chacun : les autorités pénitentiaires, le gouvernement, mais aussi les organisations de défense des droits de l’homme. Une enquête approfondie est nécessaire pour faire toute la lumière sur les circonstances exactes de cette tentative d’évasion et de ses conséquences dramatiques.

La nécessité d’une réforme en profondeur. Au-delà de cette crise immédiate, cette tentative d’évasion rappelle l’urgence de réformer en profondeur le système judiciaire congolais. La lutte contre la corruption, l’amélioration de l’accès à la justice et la réduction de la durée de la détention provisoire sont autant de défis auxquels les autorités congolaises doivent faire face.

Il est essentiel que le gouvernement congolais prenne des mesures concrètes pour améliorer les conditions de détention et garantir le respect des droits fondamentaux des prisonniers. Une telle réforme contribuerait non seulement à réduire la récidive mais aussi à renforcer l’État de droit en RDC.

Rédaction

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