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Les élections commencées mercredi se sont poursuivies jeudi 21 décembre en République démocratique du Congo, dans les bureaux de vote qui n’ont pas pu ouvrir la veille en raison du chaos logistique constatés dans l’ensemble de ce vaste pays aux infrastructures très limitées.

Alors que certains bureaux votaient encore, tandis que le dépouillement était déjà fait dans d’autres, un responsable de la commission électorale (Céni) a annoncé en début d’après-midi que le vote s’achèverait bien dans la soirée et que les premiers résultats partiels de la présidentielle seraient publiés vendredi.

Le président sortant, Félix Tshisekedi, brigue un second mandat face à 18 autres candidats, dont plusieurs poids-lourds de l’opposition qui ont dénoncé le « chaos total » et les « irrégularités » entourant selon eux ces élections générales (présidentielle, législatives, provinciales et locales).

« Tout se passe bien, les opérations électorales ont débuté à 6 h [4 h GMT] », avait assuré plus tôt jeudi au téléphone Likanga Ikobo, chef d’un groupement de villages du territoire de Walikale, dans le Nord-Kivu (est), interrogé par l’AFP depuis la capitale provinciale Goma. Deux villages du sud du Lubero, autre territoire du Nord-Kivu, « votent depuis ce matin », a indiqué de son côté Amini Mumbere, fonctionnaire délégué du gouverneur.Dans ces villages comme dans d’autres localités éloignées des centres urbains, le matériel électoral n’était pas arrivé à temps pour organiser le vote au jour prévu, tandis que l’immense majorité des bureaux ayant ouvert l’ont fait avec des retards conséquents.

La satisfaction du Gouvernement

Les opérations de vote se sont poursuivies dans ces bureaux jusque très tard dans la nuit, voire jusque dans la matinée, avant que des agents épuisés ne procèdent au dépouillement. Durant la journée de mercredi, l’énervement avait enflé dans les files d’attente. Des agents de la commission électorale (Céni) ont été molestés et des centres de vote saccagés.

Pour les bureaux restés fermés, le président de la Céni, Denis Kadima, a dû se résoudre mercredi soir à annoncer une journée supplémentaire de vote. Selon lui, ces bureaux ne se trouvent pas dans l’une des 26 provinces en particulier.

« Les difficultés s’appliquent à travers tout le pays, qui a quasiment les mêmes caractéristiques en termes d’infrastructures« , a-t-il dit.Il n’a pas précisé le nombre de bureaux concernés mais, a-t-il indiqué, quelque 70 % des électeurs qui le souhaitaient ont pu voter mercredi, selon une estimation qu’il a lui-même qualifiée de « hâtive ».

Plus de 44 millions d’électeurs, sur un total d’environ 100 millions d’habitants, étaient appelés aux urnes pour choisir parmi plus de 100 000 candidats sur les rangs pour le quadruple scrutin. Dans un communiqué, le gouvernement n’a pu que reconnaître « le retard constaté dans l’ouverture de certains bureaux de vote ».

Mais il a félicité le peuple congolais pour sa « mobilisation » et la Céni pour sa « détermination » à organiser dans les temps des élections qui se sont, selon lui, « globalement » bien déroulées. L’opposition sur ses gardesCinq candidats de l’opposition à la présidentielle ont en revanche exigé « la réorganisation de ces élections ratées, par une Céni autrement composée ».

Parmi les adversaires de Félix Tshisekedi figurent Moïse Katumbi, ancien gouverneur de la région minière du Katanga (sud-est), Martin Fayulu, qui affirme que le président sortant lui a volé la victoire à l’élection de 2018, ou encore Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018 pour son action auprès des femmes victimes de viols de guerre.Suspicieux dès le départ à l’égard du processus électoral, tous ont appelé leurs militants à scruter le dépouillement et l’affichage des résultats.

Des tensions sont redoutées lorsqu’ils seront annoncés, dans ce pays à l’histoire politique agitée et souvent violente, au sous-sol immensément riche en minerais mais à la population majoritairement pauvre.

La campagne a aussi été empoisonnée par la situation sécuritaire dans l’est du pays, qui connait un pic de tension depuis deux ans avec la résurgence de la rébellion du M23, soutenue par le Rwanda. Certains candidats d’opposition ont été accusés d’être des « étrangers », une arme redoutable pour les discréditer dans un pays meurtri par des années de conflits.

Avec France 24 et AFP

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